Le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron l’avait promis pendant sa campagne : le téléphone portable va être interdit dans les écoles et les collèges. La loi soumise par La République En Marche a donc été adoptée par l’Assemblée Nationale et sera mise en application dés la rentrée 2018. Cela concernera donc tout appareil permettant d’effectuer des communications électroniques. Ils pourront tout de même être utilisés à des fins pédagogiques à condition que le règlement intérieur de l’établissement scolaire l’y autorise.
Faire d’un monde de plus en plus technologique, un monde de plus en plus humain
C’est ce qu’a déclaré Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale. L’addiction aux écrans fait de véritables dégâts chez les enfants et est souvent, pour les plus jeunes, la source de troubles de l’attention, d’une baisse du niveau de lecture et un manque d’exercices physiques. Sans parler de leur exposition au cyberharcèlement et aux contenus violents et pornographiques. La volonté du ministre est clairement de protéger les élèves « de la dispersion occasionnée par les écrans et les téléphones » avec l’aide du personnel des établissements et des parents, comme il l’avait annoncé en septembre dernier. Pour information, 93% des enfants âgés de 12 à 17 ans avaient un portable en 2016.
Comment faire pour pouvoir mettre en pratique cette mesure ?
Tout d’abord, l’interdiction ne concernera pas l’ensemble de l’établissement scolaire, mais uniquement les salles de classe. Cela signifie que les élèves seront toujours autorisés à entrer dans le collège et à utiliser leurs smartphones dans les couloirs, la cour de récréation ou encore à la cantine. Mais les élèves ne pourront plus rentrer dans la salle de cours avec leur téléphone sur eux. Tant pis, ils pourront toujours exhiber fièrement leurs nouvelles coques Sony Xperia XA2 pendant la pause déjeuner !
Le hic, c’est que cette mesure existe déjà. En effet, cette interdiction est prévue par la loi avec l’article L511-5 du code de l’éducation qui précise que l’utilisation d’un téléphone mobile est interdite pendant les activités d’enseignement aussi bien dans les écoles maternelles, primaires que dans les collèges. De plus, les règlements intérieurs des établissements régissent également déjà cette utilisation.
Pour contrer cette utilisation des téléphones portables dans les lieux d’enseignement, plusieurs solutions sont évoquées. Si on pense tout de suite à l’utilisation de brouilleurs dans les salles de cours, ce n’est pas la peine : ces dispositifs sont interdits. Effectivement, l’article L33-3-1 du code des postes et des communications électroniques stipule que les brouilleurs sont uniquement utilisés « pour les besoins de l’ordre public, de la défense et de la sécurité nationale ou du service public de la justice ». Voilà.
L’autre solution serait de faire appel à des détecteurs comme lors des examens pour repérer si un candidat communique avec l’extérieur. Mais c’est un peu comme si on tirait sur des mouches avec un canon, complètement démesuré.
Donc au final, le gouvernement n’a encore pas les solutions pour mettre en pratique ce qu’il veut nous obliger à faire et laisse les établissements se débrouiller avec la loi. La solution qui serait envisageable serait d’installer des casiers qui serviraient de consignes pour que les élèves y déposent les smartphones mais cela représenterait un coût important pour les établissements. Au final, cette interdiction se fera sûrement à l’appréciation du professeur qui sanctionnera ou non un élève pris en flagrant délit d’utilisation de son smartphone pendant le cours.
Chacun sait que les CPE et surveillants ne sont pas assez nombreux pour être derrière chaque élève afin de veiller à ce qu’ils n’utilisent pas leurs smartphones. Effectivement, le texte n’a pas prévu d’encadrement et encore moins de sanction si les établissements ne venaient pas à faire respecter ce point. De leur côté, les parents d’élèves déplorent l’absence d’un aspect pédagogique dans cette loi. La FCPE explique : « Cette proposition de loi ne comporte aucun volet pédagogique, aucun volet d’éducation aux usages du numérique. En cela, elle nous semble ne pas répondre aux enjeux à venir pour notre jeunesse. » Certains CPE auraient préféré davantage de sensibilisation plutôt que de la répression. D’ailleurs, une proposition de mettre en place « une semaine sans écran », qui avait séduit le ministre, a été retirée. Tout comme l’amendement relatif à l’interdiction de l’usage du téléphone par les enseignants et l’équipe éducative.